CONFÉRENCES SUR L´ANTISÉMITISME

Conférence

" de l´antisémitisme à l´antisionisme "

– organisée par le Bné-Brith au sénat - octobre 2001-

 

 

1° intervenant :

Pierre André Taguieff : Politologue, Historien des idées, Directeur de recherche  au CNRS, rattaché au CEVIPOF et auteur de nombreux ouvrages et d´analyses sur l´antisémitisme.

 

 

« Judéophobie post-nazie – la seconde vague »

 

Jamais dans la France d´après-guerre, les amalgames anti-juifs n´ont circulés dans autant de milieux sociaux en rencontrant aussi peu de résistances intellectuelles et politiques. Au point qu´on pourrait remettre en usage le vieux terme de « banalisation ». Tout se passe en effet, comme si de multiples manifestations judéophobes s´étaient banalisées, comme si elles étaient devenues imperceptibles du fait de leur parfaite intégration dans le décor idéologique.

Cette récente vague de judéophobie est inséparable d´un discours idéologique légitimatoire et mobilisateur où l´on reconnaît bien-sûr, certains héritages de mots et de thèmes provenant des diverses traditions anti-juives mais aussi de nouveaux motifs d´accusation centrés sur "Israël et le sionisme"[1] érigés en " mythe répulsif".

 

Pour aller à l´essentiel, je dirai que sa forme argumentative générale est la suivante : les Juifs sont tous des sionistes, plus ou moins cachés. Or, le sionisme est colonialisme, impérialisme et racisme. Donc, les Juifs sont des colonialistes, des impérialistes et des racistes déclarés ou dissimulés. Les stéréotypes et les thèmes d´accusation ainsi mis en circulation de plus en plus massivement dans l´espace public sont, à l´évidence, empruntés au discours traditionnel du nationalisme palestinien. Apparemment, dirais-je, le seul nationalisme respectable au monde et surtout aux yeux de la gauche politique et intellectuelle !

 

Cette diffusion de la rhétorique dite antisioniste, touche désormais au-delà de la France, tous les pays occidentaux. Cet "antisionisme" radical des années 60 aux années 80 n´était idéologiquement reçu et politiquement traduit, que par la plupart des pays du tiers-monde et ceux du monde communiste.

On peut en conclure que depuis la fin des années 90, la propagande de l´OLP a largement réalisé ses objectifs, à savoir :

1.      imprégner de ses mots et de ses représentations, le champ tout entier de l´opinion mondiale.

2.      inscrire dans les imaginaires et les affect nationaux les plus divers, les convictions dites antisionistes inséparables de ce reflexe d´indignation inconditionnellement israélophobe et palestinophile qui les accompagne en les intensifiant.

Le résultat visé est bien-sûr la monopolisation des appels légitimes au droit et à la justice dans un contexte international où règne un singulier mélange de moralisme, de juridisme et d´humanitarisme qui revient à dépolitiser l´approche des conflits politiques.

En outre, ce discours judéophobe jumelé avec une nouvelle version de l´américanophobie adaptée à l´esprit de certaines mobilisations anti-mondialisation, est à la fois véhiculé et intensifié par son islamisation en cours. Et dans la nouvelle conjoncture planétaire instaurée par les attentats anti-américains du 11 septembre 2001, la force de frappe symbolique d´une telle judéophobie islamisée, ne peut que s´accroître.

 

Enfin, concernant spécifiquement l´état de la France, l´année 2000 se signale par une brutale montée des violences antisémites recensées par le Ministère de l´Intérieur : de 9   actions antisémistes en 1999 à 116, l´année suivante. Ainsi que par une considérable augmentation des menaces antisémites qui passe de 60 à 603. Il s´agit évidemment de menaces ou de violences déclarées mais il faudrait multiplier, je ne sais pas par combien bien-sûr, pour trouver le chiffre avoisinant la réalité. Quand à l´évolution des opinions antijuives dans la population française, l´analyse des résultats de sondages de 1988 –1991 à 1999-2000, montre que la proportion de judéophobe reste à peu près stable, autour d´un noyau dur représentant environ 10% des Français mais, c´est là que cela devient inquiétant, que les antisémites honteux sont bien moins nombreux. On peut aussi observer dans le même sens, que les préjugés, les stéréotypes antijuifs sont de moins en moins voilés et de plus en plus affichés. Le stéréotype de la puissance et de la domination juives, pour ne prendre qu´un exemple[2], recueillait l´approbation d´environ 20% des personnes interrogées entre 1988 et 1991 et passe à 31% en 1999 puis à 34% en 2000.

 

Conclusion de ce bref balayage : la judéophobie s´exprime de plus en plus directement et clairement.

 

 

Quelques mots maintenant sur les différentes figures de la judéophobie contemporaine avant de proposer un modèle d´intelligibilité, un modèle théorique :

 

Ce qui est sûr, c´est qu´en France la judéophobie d´attitude, les opinions exprimées, les insultes, injures, menaces etc... portées par l´israëlophobie dominante, s´est largement intégrée dans le champ de l´idéologiquement acceptable. Mais plus inquiétant, même certaines formes de judéophobie de comportement (passages à tabac d´individus identifiés comme Juifs, exéditions punitives, incendies de synagogue, etc) ne donnent pas lieu à des mobilisations anti-racistes, elles ne suscitent pas l´indignation des "professionnels" de l´indignation face à ce qu´on appelle les discriminations.

 

En France, depuis quelques années, les anti-racistes militants et organisés se mobilisent avec passion contre la sélection à l´entrée de certaines discothèques dont des jeunes issus de l´immigration maghrébine ou africaine sont en effet, parfois, les malheureuses victimes. Rien d´approchant aujourd´hui, lorsque les victimes d´actes de violences  dûment motivés sont juives. Singulier antiracisme qui sélectionne soigneusement parmi les victimes de la stigmatisation et de la discrimination, les bonnes et les mauvaises. On comprend que la représentation standardisée du jeune, comme victime, trouve, dans ce cas de figure une concrétisation acceptable. Un jeune, entendez "un jeune" sans qualification particulière, sans caractérisation, entendez par cet euphémisme figé, un individu ìgé de 12-13 ans à 27-28 ans, et perçu vaguement comme d´origine arabe ou africaine. C´est un point de détail !

 

Les autres formes de stigmatisation et de discrimination et plus particulièrement celles qui visent les Juifs, laissent froids les milieux anti-racistes. La compassion est à déclencheur unique, les mobilisations sont organisées en faveur des seuls titulaires du statut d´exclus, nouvelle catégorie victimaire. Un pseudo-antiracisme pour lesquels les Juifs sont désormais, voire par nature des non-exclus, des non-discriminés, des non-dominés, bref des non-victimes, ce qui autorise à les classer par un mouvement second, parmi les exclueurs, les discriminateurs, les dominateurs. Ce qui conduit aussi à nier l´existence de toute forme d´antisémitisme aujourd´hui en France. Bref, la nouvelle vague de judéophobie balaye le paysage français au moment même où triomphe sa négation. J´ajouterai que cette négation fait partie du tableau des indices de la nouvelle vague antijuive. La difficulté qu´on a eu à faire venir autour de cette table, des hommes politiques situés à gauche, en témoigne. Cette récente vague de judéophobie ne constitue pas pour l´essentiel un phénomène endogène, il faut y insister, il ne s´agit pas d´une résurgence de l´antisémitisme nationaliste ou raciste moderne à la française mais d´une adaptation aux caractéristiques de la culture politique française contemporaine, d´un imaginaire anti-juif aujourd´hui largement répandu sur la planète.

 

Vous le savez, un mythe répulsif s´est internationalement construit durant le dernier demi-siècle sur la base d´une figure démonisée : l´amalgame juif – israélien – sioniste, inscrit dans une opposition manichéenne, massivement diffusée :

·        d´une part, les victimes innocentes arabes, palestiniennes

·        d´autre part, les bourreaux sanguinaires juifs, israéliens. 

Pour fonctionner avec une efficacité maximale, ce motif de propagande s´articule à des amalgames polémiques en rafales : Juif = sioniste = israélien, sionisme = colonialisme = racisme, Sharon = Hitler, israélien = nazi.

 

Dans le nouveau discours judéophobe intellectualisé, on trouve également un usage polémique systématique de termes tels que "génocide", "éthnocide" ou "apartheid" pour stigmatiser la politique israélienne quelle qu´elle soit.  Les vieilles réthoriques dites anti-racistes, anti-colonialistes, anti-impérialistes et anti-facistes, sont ainsi instrumentalisées, permettant de construire la figure absolument diabolisée qui est ce qu´on peut appeler le "satan cosmopolite" "composite cosmopolite" d´ailleurs : Etats-Unis, Israël, Occident.

 

L´Amérique et l´entité sioniste, son alliée lance par exemple Soleman Abougaïte présenté comme le porte-parole de l´organisation Al Qaeda dirigée par Oussama Ben Laden. On y reconnaît la nouvelle grande vision populiste d´extention mondiale : les méchants riches contre les bons pauvres. Cette pauvreté transfigurée et transfigurante semble précisément aux yeux de certains par l´effet d´un christianisme dévoyé, donner le droit de haïr, voire de tuer. Elle fonde le mythe révolutionnaire, mobilisateur de la juste lutte qui s´islamisme en guerre sainte. Il s´ensuit que tous les ennemis des sionistes sont en même temps les ennemis des américains, autre entité d´ailleurs mythique et que ces ennemis ne sont que des victimes, les opprimés et humiliés en réthorique islamiste. Des victimes innocentes qui sont donc en état de légitime révolte contre les mécréants et les hypocrites. Sommaire vision dualiste : l´Occident dominateur arrogant et les autres, supposés intrinsèquement exploités, humiliés, opprimés. Et le clivage mythologique se retrouve au sein même des démocraties occidentales entre les pro-américains sionistes, démonisés et les néo-tiers-mondistes angélisés. Bien sûr, on le sait, l´islamisme est l´anticapitalisme des illuminés métamorphosés en fanatiques par le ressentiment contre l´Occident (catégorie incluant ce que les islamistes appellent l´entité sioniste d´après l´OLP) ! Occident dont l´hégémonie de fait est perçue par ces derniers comme une profonde humiliation voir une insupportable provocation. C´est l´existence même  de l´Occident, non pas ce que l´Occident fait ou ne fait pas, qui est un problème. Donc, il y a ici une logique d´élimination radicale de ce qui fait problème et qui est à la source de tous nos malheurs.

 

Dans les mouvements islamistes, l´Islam est traité comme un inépuisable stock de réponses à toutes les questions. L´Islam est la réponse, le passe-partout, la clé qui ouvre toutes les portes. Ce qui fait qu´il ne se réduit pas à une idéologie politique au sens occidental ni à une religion séculaire (pour parler comme Raymond Aron) ni à une religion séculière comme le communisme ou le nationalisme. La mémoire d´un Islam instrumentalisé par les luttes anti-colonialistes est réactivée, en particulier aujourd´hui, depuis quelques semaines et même depuis quelques mois. Cette mémoire est rejouée, elle nourrit la transfiguration de l´Islam comme forme de résistance culturelle à l´hégémonie de l´Occident ou des pays riches du Nord. Certains n´ont pas oublié l´appel au Djihad lancé par le FLN au-milieu des années 50. Le stéréotype du Juif riche, ainsi recyclé, fait oublier la réalité des milieux ploutocratiques qui en particulier dans le monde arabo-musulman, financent les réseaux islamistes et nombres d´organisations terroristes. On aimerait que les milieux anti-mondialisation s´intéressent de près aux régimes ploutocratiques qui devraient être traités comme un ennemi au même titre que les Etats-Unis. Or, il n´en va pas du tout comme cela ! La nouvelle mythologie antijuive se fonde ainsi sur un dualisme manichéen qui structure l´opposition de deux entités :

les Juifs méchants par nature / les palestiniens innocents par nature.

Ces deux types essentialisés étant eux-mêmes traités selon divers couples d´opposés qui permettent de faire des récits à l´infini : bourreaux/victimes, colonisateurs/colonisés, dominateurs/dominés, oppresseur/opprimés, etc...

Or, cette série d´oppositions est en train d´être religieusement colorée par le schème non-musulman/musulman, lequel permet d´installer l´antithèse de style islamiste occidentaux/croyants ou encore mécréants/musulmans. La lutte contre l´impérialisme israélo-américain, pour employer un cliché, peut être ainsi retraduite en « novlangue » islamiste et célébrée comme combat final contre les judéo-croisés.

 

Le phénomène qu´on a justement appelé[3] "l´islamisation croissante de l´Intifada" en témoigne. Le ‘Hamas et de Djihad islamique sur le modèle  du ‘Hezbollah libanais se transforment en fer-de-lance du nationalisme palestinien lequel semble se dissoudre progressivement dans la cause islamiste. La nouvelle cause palestinienne devenue symbole mobilisateur et rassembleur à destination mondiale, devient dès lors le drapeau de toutes les variétés des ennemis de l´Occident, et plus précisemment, des suppôts du mal, les Juifs et les Américains. Passage au néopalestinisme où l´ethnonyme palestinien fonctionne comme pseudonyme de toute victime supposée ou se supposant innocente. Occident, entendons par là bien-sûr, une entité hétérogène, une fiction produite par bricolage idéologique, portée par des passions négatives où le rejet de la modernité dans son ensemble se confond avec la récusation des régimes de démocratie libérale ainsi qu´avec la diabolisation indifférenciée du christianisme, du judaïsme, de l´athéisme, et de la laïcité, ... Quoiqu´il en soit, il est clair que les professionnels de la propagande islamiste trouvent dans ces clichés manichéens, massivement diffusés et désormais banalisés de quoi nourrir leurs discours incitatifs : l´appel au Djihad ou plus exactement au néo-Djihad, impliquant des attentats suicides, ce qui ne fait pas partie de la tradition, et plus généralement ils trouvent le moyen de légitimer leur combat, qui vise à travers l´application de la Chariah, à l´ensemble du genre humain, l´établissement d´un état islamique mondial. Un molah pakistanais, le 8 octobre 2001, prophètise ainsi  "le drapeau de l´Islam flottera partout dans le monde". Ils peuvent ainsi transformer leur délirante volonté de conquête et leur entreprise terroriste en juste lutte en faveur des deshérités. C´est là, le sophisme central sur lequel nous devons nous interroger.

 

La cause palestinienne est devenue le principal alibi des terroristes à la Ben Laden assurément doués pour la communication planétaire.

Le 7 octobre 2001, le chef d´Al-Qaeda a fait diffuser sur la chaine d´informations arabe, Al-Jazira, une vidéo pré-enregistrée, imprudemment reprise par toutes les chaînes télévisuelles du monde entier, puisqu´il s´agissait d´une vidéo de propagande, dans laquelle il appelle au Djihad tout en justifiant les attentats meurtriers du 11 septembre 2001 par "l´occupation" de la Palestine. En légitimant leur programme de terreur et de meurtres par recours à la cause palestienne, les leaders islamistes radicaux transfigurent la lutte contre Israël en combat final contre les Infidèles. Il est clair qu´en cherchant à exploiter les fortes charges affectives investies dans la cause palestinienne, les démagogues de l´islamisme radical visent à provoquer un mouvement de solidarité islamique transnational. Or, de nombreux indices convergents montrent que cette solidarité émerge après le 11 septembre 2001 en dépit des condamnations souvent rhétoriques du terrorisme par des leaders ou des états eux-mêmes responsables directement ou indirectement du terrorisme anti-américain ou anti-sioniste.

Les attentats du 11 septembre sont justifiés explicitement ou indirectement au nom de la cause palestinienne. Le 11 octobre 2001, l´Ambassadeur de la Ligue Arabe en France, esprit supposé modéré, certes avec des précautions rhétoriques d´usage, a reconnu l´existence dans tous les pays musulmans "d´une solidarité avec la cause palestinienne" qu´il croit pouvoir justifier en la présentant comme "une solidarité identitaire et transnationnale". Une solidarité identitaire : suggérant dangereusement qu´il existe réellement une civilisation islamique formant une immense communauté symbolique ou imaginée où règne un consensus de base. Nous ne sommes pas loin des thèses de Samuel Huntington (la culture savante en moins) sur le "choc des civilisations".

 

Au sujet du nouvel antisémitisme ou plutôt cette nouvelle vague de nouvel antisémitisme :

l´hypothèse a été faite qu´après la guerre des Six Jours en Juin 1967, un nouvel antisémitisme avait entamé sa carrière mondiale autour d´un mythe  conspirationiste, complotiste, qu´on peut appeler l´antisionisme absolu[4]. Les deux grands foyers de cet antisionisme absolu ont été très longtemps l´Empire Soviétique et le monde arabo-musulman. L´Empire Soviétique ayant disparu, il reste le monde arabo-musulman qui s´est élargi en monde musulman.

On y retrouvait agglutiné autour des figures démonisées d´Israël et du sionisme, un certains nombres de thèmes d´accusations antijuives traditionnelles : les Juifs complotent, ils visent la conquête du monde par tous les moyens, ils sont cruels et sanguinaires par nature, d´où la réactivation de vieilles légendes (le meurtre rituel, l´empoisonnement de l´eau, des aliments, etc..). Thèmes d´accusation auxquels se sont ajoutés les motifs diffusés par le discours négationiste de type faurissonnien, autour de la négation de la Shoah, de la négation du projet comme de l´exécution du génocide, à partir de la négation de l´existence des chambres à gaz homicides.

Sa conclusion populaire ou popularisable  est que les Juifs suivis par leurs alliés ont inventé le "bobard" de leur propre extermination systématique par les nazis et qu´ils sont donc coupables " du plus grand mensonge de tous les temps"[5]. C´est là un recyclage d´un stéréotype antijuif, les Juifs menteurs par nature.

Les multiples rééditions actualisées du célèbre faux « protocole des Sages de Sion » qui continuent d´ailleurs, dès l´automne 1967, témoignent de l´émergence de cette configuration judéophobe.

 

Il n´est pas exagéré de supposer que depuis la fin des années 90, une seconde vague du nouvel antisémitisme, balaye la planète touchant l´Afrique non moins que l´Asie, radicalisant et accélérant le passage de droite à gauche, des motifs judéophobes qui ne cessent en outre de s´islamiser.

Les principales caractéristiques de la nouvelle judéophobie planétaire sont les suivantes :

·        Instrumentalisation massive et virulante de l´antiracisme à des fins antijuives. Ce qu´a monstrueusement illustré, la conférence mondiale contre le racisme organisée par les Nations-Unies à Durban en Afrique du Sud, du 1er Août au 8 Septembre 2001. Conférence durant laquelle a été relancée avec une virulence accrue, l´assimilation du sionisme à une forme de racisme et discrimination raciale[6], Ce phénomène n´est pas nouveau mais il prend un nouveau sens dans le nouveau contexte.

·        La banalisation des représentations et des arguments annexes ou connexes du révisionisme, en particulier la dénonciation de la Shoah business.

·        Délégitimation empruntée non seulement au vieil anti-impérialisme de type tiers-mondiste, à l´anticolonialisme pieux d´aujourd´hui fondé sur la repentance, et à l´anti-américanisme démonologique. Je ne confonds pas avec une légitime critique de la politique américaine ou de la mondialisation libérale telle qu´elle se fait, cela n´a rien à voir : nous sommes ici dans la mythologie. Emprunt également aux critiques radicales de la mondialisation néo-libérale dont certains leadeurs médiatisés tel José Bové sont des ennemis déclarés d´Israël.

·        Diffusion massive et réception non critique du mythe du "bon palestinien" essentialisé comme l´innocente victime par excellence héritier de toutes les figures victimaires de l´histoire du monde à commencer par celle du Christ. A quoi, il faut ajouter un transfert d´identité historique sur le thème : " les vrais Juifs persécutés d´aujourd´hui, ce sont les palestiniens " Cette substitution victimaire, cette inversion des rôles, présupposent que les palestiniens sont victimes d´un génocide commis par les Juifs.

·        Réinvestissement dans le discours radicalement israélophobe et  palestinophile de l´imaginaire et des affects mobilisés par les nouveaux démagogues misérabilistes qui ont depuis les années 80, dans le sillage de l´Abbé Pierre, retraduit politiquement, et moralement perverti l´impératif chrétien de charité en une dénonciation des riches, individus ou pays, justifiant les appels à l´Intifada contre toutes les institutions et leurs représentants[7] Interaction avec la vision islamiste du monde, disons la vision pan-islamique, dont la stagmatisation d´Israël, en tant que Petit Satan, vient se mêler aux représentations démonisantes à l´occidental, du sionisme. Le nationalisme juif, au contraire du nationalisme palestinien celébré comme juste lutte de libération nationale, est accusé tour à tour ou globalement d´être un colonialiste ou un impérialiste, un raciste ou un fasciste. Et bien sûr, la politique israélienne est régulièrement qualifiée de politique raciste, colonialiste et génocidaire.

 

Face à tous ces amas d´indices convergents de tous ordres, qui relèvent des opinions, des pratiques, des comportements, des discours idéologiques, des analyses politiques et mythologiques, le silence règne. Un silence qui contraste avec le bruit médiatique provoqué il y a peu par la moindre des provocations xénophobes de style lepéniste, pourtant très euphémisée. On a de bonnes raisons de penser que cet aveuglement des élites de la représentation et de la communication est le plus souvent volontaire et qu´il est motivé non seulement par le politiquement correct à la française mais encore par de cyniques calculs électoraux. Tout se passe comme s´il ne fallait surtout pas évoquer la multiplication des petits actes anti-juives dans les quartiers, menaces, agression, comme s´il fallait se rendre prudemment sourd lorsque déferlent les cris de haine contre les Juifs, comme s´il était impératif de ne pas s´interroger sur tel ou tel incendie de synagogue etc... Aucune synagogue ou mise à sac par des "jeunes" ne méritent une émotion, une mobilisation comparables à celles que déclencha la profanation du cimetière juif de Carpentras au printemps 1990 dans un contexte où celle-ci pouvait être vraisemblablement attribuée au Front National.

 

L´hypothèse que l´on peut faire, est que l´Islam, tel que les islamistes l´ont constitué en puissance intimidante, exerce un terrorisme intellectuel sur les élites de la culture, les élites de l´intelligence, les élites de la représentation politique[8].


2ème intervenant :

Le Cheik A´hmed Abdoul Paladsi : Imam de la communauté d´Italie

 

Je suis très heureux  d´avoir été invité ici et de pouvoir participer à cette table ronde. J´étais très heureux également de pouvoir contribuer à l´ouvrage qui vient de paraître sur les nouveaux visages de l´antisémitisme.

 

Il est en effet, très important de comprendre en quoi consiste ce nouveaux visage de l´antisémitisme dans le monde contemporain, comment cela s´exprime et comment cela s´explique.

 

On essaie d´établir et de maintenir un lien entre l´antisémitisme et le national-socialisme. Souvent chaque manifestation d´antisémitisme est associée à de nouvelles formes de nazisme même lorsque le nazisme est représenté par quelques individus isolés sans aucune influence politique.

Je voudrais en particulier, me référer ici, à ce qui s´est passé à Rome lors de la visite de Haider où tout le monde, à gauche comme à droite a protesté énergiquement contre le fait que ce personnage ait pu se rendre à Rome, des protestations ont été élevées contre l´éventualité d´une visite de Haidler chez le pape, et où une grève a même eu lieu pendant sa présence dans cette ville.

 

Cette réaction à la visite de Haider à Rome apparaît d´autant plus étonnante quand on la compare avec ce qui s´est passé deux jours après lorsque le ministre des affaires étrangères d´Iran, M. Orasi est venu en visite à Rome. C´était un moment où le niveau d´antisémitisme en Iran était particulièrement aïgu : c´était au moment du célèbre procès d´un certain nombre de Juifs accusés d´espionnage. Procès qui aurait pu être considéré comme une menace pour chaque juif habitant en Iran. C´était également un moment où le gouvernement iranien faisait le nécessaire pour traduire et publier encore une fois, le célèbre « Protocole des Sages de Sion ». Pourtant personne n´a protesté contre cette visite ! Il n´y avait aucune manifestation à l´exception d´une poignée d´opposants iraniens mais qui n´avait rien à voir avec la protestation contre l´antisémitisme.

Aucun programme à la télévision, aucun article dans la presse au sujet de l´antisémitisme en Iran. Il y a eu quelques articles sur un procès de quelques Juifs accusés d´espionnage mais personne n´a fait le moindre lien entre ce procès et l´antisémitisme en Iran.

 

Il est donc très caractéristique de constater que parmi les intellectuels et les responsables de l´information, le concept d´antisémitisme est généralement considéré comme étroitement lié au phénomène et à l´idéologie nazie. L´antisémitisme n´est pas vu lorsqu´il apparaît dans un autre contexte. On nous dit généralement qu´il s´agit là de problèmes locaux. On ne dit rien lorsqu´on s´aperçoit qu´il existe des manifestations d´antisémitisme dans la presse ou à la télévision de pays comme l´Iran, la Syrie ou l´Egypte. Les intellectuels européens n´y font aucune référence, ils ne voient pas l´antisémitisme présent dans le combat contre le sionisme et contre Israël. Il font une distinction totale entre ces deux phénomènes.

 

Pourtant l´antisémitisme dans les pays arabes musulmans est basé exclusivement sur une tradition européenne et à l´aide des traductions d´ouvrages européens. Si nous recherchons les ouvrages à l´époque ottomanne, dans la littérature arabe, turque, iranienne, on ne trouve rien à caractère antisémite. Les ouvrages antisémites que l´on trouve actuellement dans ces pays sont des traductions du « Protocole des Sages de Sion », des traductions de Mein Kampf ou les traductions d´ouvrages européens traitant des accusations de meurtres rituels. Parmi les ouvrages antisémites, traduits en langue arabe et particulièrement populaire, figurent également ceux de Roger Garaudy.

 

On peut se demander si après les récentes attaques du World Trade Center à New York, il y a eu un changement, s´il y a eu une nouvelle réflexion à ce sujet ? Il n´en est rien.

 Au contraire, ce processus s´est aggravé et l´opinion dominante est que le monde occidental paye actuellement le prix pour n´avoir pas compris le problème et les souffrances du peuple palestinen. Il est coupable.

 

Lorsque nous examinons actuellement ce qui se passe dans les médias en Italie, nous voyons que très souvent les questions posées aux spécialistes sont « En quoi consistent les horreurs commises par l´Occident ? » et la réponse est généralement « Parce qu´elle n´a pas compris la lutte du peuple palestinien et n´a pas cherché un compromis ».

 

 Ce n´est pas ce que moi, j´ai essayé de dire lorsque cette question m´a été posée. Je dis que l´Occident paye le prix d´avoir cherché des compromis avec les terroristes. Lors du processus qui a suivi les accords d´Oslo, les attaques de terroristes ont été de plus en plus fréquentes et le monde s´est toujours trouvé prêt à excuser les terroristes, et à négocier avec eux. De cette manière, il les a encouragés naturellement. Il est évident que les terroristes voyant la manière dont ils étaient traités n´ont pu qu´augmenter leurs attaques pour avoir toujours plus. Ceci pour les terroristes modérés. Une telle interprétation du terrorisme ne peut avoir pour effet que l´augmentation des actes terroristes. Car les terroristes pensent qu´ils pourront ainsi avoir une victoire politique.

 


3ème intervenant :

Alexandre Del Valle : Chercheur, auteur du livre " les guerres de l´Europe ".

 

« Les racines de l´islamisme »

 

 

            On parle souvent de l´islamisme comme d´une réaction au colonialisme et à l´injustice en Palestine. Il est important de montrer les racines de l´islamisme qui ne sont pas toujours islamiquement correctes. Ces racines du racisme sont à rechercher aussi à l´intérieur même d´un mouvement du monde musulman qui est le mouvement de l´échec du réformisme islamique.

 

Il faut savoir que l´islamisme n´est pas né uniquement sous l´influence du nazisme,. Il y a eu effectivement dès le départ des contacts très importants entre l´islamisme et le nazisme mais il est né à un moment très précis de l´histoire : à la fin de l´Empire ottoman, lorsqu´avec les mesures de tanzima[9], les Ottomans, sous l´influence occidentale, ont voulu mettre les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans sur le même pied d´égalité et rompre une des caractéristiques fondamentales de l´Islam traditionnel : le statut d´infériorité  du Juif et du Chrétien en terre d´Islam. L´islamisme moderne est né de cette révolte car il était absolument impossible d´accepter une telle injustice, une humiliation. Les Oulima anti-réformistes disaient qu´il était absolument impossible que le Juif devienne l´égal du Musulman, qu´il ait le droit de commander un Musulman comme un Musulman peut commander un Juif. « Peut-être même que le Juif pourrait se marier à une Musulmane comme le Musulman le fait avec une Juive ! » c´était une aberration ! C´est ainsi qu´est né, l´islamisme.

 

L´islamisme est une réaction dès le départ face à la modernisation occidentale, à la laïcisation occidentale et à tout le processus de sécularisation et de reconnaissance de l´individu comme personne sacrée, indépendamment de la race et de la religion. L´islamisme est un retour, comme le dit le grand islamologue Bernard Lewis, à un Islam traditionnel, orthodoxe qui n´a toujours pas connu de réforme et en ce sens, l´islamisme est un refus du fait que le Juif et le Chrétien (les Dhimmis) puissent être les égaux des musulmans.

Ceci est très grave parce qu´on retrouve ici, l´origine de l´antijudaïsme propre aux Palestiniens, aux nationalistes arabes et aux milieux pro-palestiniens en général.

 

Qu´est ce qui est refusé dans le sionisme ? Ce n´est pas seulement le phénomène d´injustice, des colonies etc... En effet, l´antijudaïsme a commencé en Palestine avant même la création de l´Etat d´Israël. 28 ans auparavant, il y avait déjà des progroms contre des Juifs pacifiques. En fait, le sionisme est critiqué parce que c´est le refus du Dhimmis d´être un Dhimmis. Parce qu´un Dhimmis a eu la volonté d´avoir un état.

Ce qui est refusé dans le sionisme, c´est le Juif souverain. De même que ce qui a été refusé dans le maronitisme (l´équivalent chrétien libanais du sionisme), c´était le chrétien souverain. En terre de l´Islam, un Chrétien, un Juif ne peuvent pas être souverains. Ils ne sont valables, acceptables que s´ils sont soumis.

Ceci est très grave puisque cela signifie que dès lors que le Juif et le Chrétien ne sont pas soumis et n´acceptent pas le statut d´inégalité vis-à vis de l´Islam fort, majoritaire, une guerre est possible et il est légitime d´attaquer le Juif et le Chrétien, le Juif et le Croisé.

 

On comprend mieux l´idéologie de Ben Laden. Il n´est pas hurluberlu qui viendrait finalement d´une sorte de "création des services" ou un fou[10]. C´est absolument faux. Ben Laden est la production de l´Islam orthodoxe et hambalite et surtout wahabite. Mais il n´est pas que cela. Il est aussi l´espoir de millions de Musulmans dans le monde qui en veulent aux Juifs et aux Chrétiens d´avoir amené le venin comme le dit, le grand chef du FIS[11] : « les Juifs et les Chrétiens ont amené le venin de la laïcité, de la libération des femmes, de la modernité. Nous avons chassé les colonisateurs physiquement, maintenant nous allons les chasser idéologiquement ! »

 

Le problème de l´islamisme, est plus complexe qu´il en a l´air. Ce n´est pas un simple extrémisme. C´est une réaction raciste, fondamentaliste mais qui est légitimée par un mouvement anti-colonialiste. Et la grande légitimité des islamistes, c´est qu´ils peuvent dénoncer le colonialiste : ils font croire que leur extrémisme n´est qu´une réaction face à l´injustice, au colonialisme.

 

Finkelkraut a très bien montré dans « la défaite de la pensée », qu´une certaine forme de racisme a été homologué : celle du racisme de la victime face au colonisateur. Et finalement, on est colonisateur pas seulement si on est physiquement colonisateur mais l´Occident est colonisateur du fait même qu´il veut que dans le monde arabe, les femmes soient les égales des hommes, les Juifs et les Chrétiens les égaux des Musulmans.

 

Nous ne pourrons lutter contre le racisme antijuif et antichrétien de l´islamisme que lorsque les racines islamiques orthodoxes de l´islamisme auront été détruites. Nous en sommes très loin.

A l´heure actuelle, en Egypte, ce ne sont pas seulement les frères musulmans ou les islamistes durs : des tribunaux civils condamnent des musulmans croyants (même pas apostats) qui osent dire que le Coran est créé. Ils se réfèrent à l´école moutaséliit. Je fais référence bien sûr à Abouzaït : considéré comme apostat, il a été divorcé de force de sa femme, expulsé d´Egypte. Il vit actuellement en Europe. C´est très grave !

Un autre exemple en Egypte, dit pays tolérant qui combat l´islamisme : un groupe de dix ou quinze homosexuels est accusé d´être des espions d´Israël. Quand on arrête un homosexuel, on ne sait pour quelle raison dans les pays arabes, c´est forcément un agent d´Israël et des Juifs. Ce n´est donc pas uniquement Ben Laden : il y a un fanatisme qui n´est malheureusement pas cantonné à quelques islamistes fous, mais qui est dilué, démocratisé au gré de la réaction post-coloniale.

 

Samuel Huntington a montré que l´islamisme utilise un processus de réindigénisation.

" Au nom du fait que nous nous réapproprions notre identité, nous avons le droit d´être raciste puisque notre racisme n´est qu´un rejet de l´oppression et de l´humiliation judéo-croisée ". C´est extrêmement grave !

 

On retrouve ce racisme partout, même en Algérie. Des professeurs arabes et des instituteurs, dans les écoles laïques de l´état[12], peuvent "casser la figure" en plein cours à un élève qui aura osé dire qu´il a un ami juif ou qui ose contredire le professeur qui vient de dire que le Juif est maléfique etc... Et personne ne peut riposter. C´est quelque chose de normal dans les pays arabes.

Le fanatisme islamiste et le racisme islamique envers les Juifs et les Chrétiens ont malheureusement de beaux jours devant eux.

L´Occident donne un écho médiatique à tous les appels stratégiques de Ben Laden. Il aurait dû boycotter ses propos puisqu´il est en train de réussir à galvaniser les masses arabes en récupérant la douleur irakienne et la soi-disant injustice palestinienne. Il est très grave que l´Occident relaie les stratégies de communication de gens qui veulent nous conduire dans un véritable clash global d´une part entre l´Islam radicalisé post-colonial dont le racisme est légitime puisque post-colonial et d´autre part cet Occident honni.

 

Peut-être que l´Occident devrait réfléchir à la phrase de Sharon lorsqu´il a fait le parallélisme avec Munich. « Est-ce que l´Occident acceptera de refuser un Munich islamique ? »

 

 

 


4ème intervenant :

Jacques Tarnéro : sociologue, auteur du film sur le négationisme : " Autopsie d´un mensonge ", membre du collectif d´auteurs sur les nouveaux visages de l´antisémitisme.

 

« Comment en est-on arrivé là ? »

 

Nous allons aborder quatre points qui sont quatre moments autour d´une chronologie :

1.      Le déclenchement de l´Intifada, il y a un an,

2.      La conférence de Durban en Août 2001,

3.      L´attentat du World Trade Center, le 11 septembre 2001,

4.      L´actualité immédiate.

 

 

On dit que la crise, la violence, la crispation, l´attentat du Wall Street Center sont dus au fait que la Palestine n´existe toujours pas et que l´injustice est toujours le lot commun des Palestiniens. Je dois donc dire, et je demande aux journalistes présents de s´interroger une fois pour toute sur la vérité des faits.

 

Entre Juillet 2000 et l´hiver 2000-2001, les Palestiniens ont eu la possibilité d´avoir enfin l´Etat de Palestine. Cette proposition a été faite clairement et limpidement par le Premier Ministre d´Israël de l´époque, Ehud Barak, et elle a été refusée par la partie palestinienne.

Pour ceux qui pensent que la proposition israélienne a été refusée parce qu´elle était inconsistante, il y a désormais un certain nombre d´actes, de procès verbaux, de textes de ce qui a été proposé aux Palestiniens et refusé par eux auxquels renvoie le livre de Chlomo Ben Ami, Ministre des Affaires Etrangères de l´époque, qui sont les preuves.

 

 

1. Le déclenchement de l´Intifada

 

Il a été présenté comme l´éruption spontanée d´un peuple en colère indigné du fait que le "bourreau" de Sabra et Chatila osait profaner l´Esplanade des mosquées en l´occurence, Ariel Sharon. Il faut savoir, et ceci est dans le domaine public, qu´un des ministres palestiniens, M. Faloudji, Ministre des télécommunications de l´Autorité Palestinienne, a déclaré en septembre – octobre 2000, devant un auditoire du ‘Hamas à Gaza que la décision de l´Intifada avait été prise depuis longtemps. Il a fait l´aveu que l´insurrection n´était pas si spontanée que cela et qu´elle était préparée depuis longtemps. Ce sont ses propres mots, ce sont des images publiques que l´on peut se procurer et qu´il faut voir. Le mythe de l´insurrection spontanée populaire s´effondre.

 

Que s´est-il passé au moment du déclenchement de l´Intifada ?

A ce moment-là, une vague de falsification ou de distorsion des faits.

Je n´aime pas le terme de désinformation car cela voudrait dire qu´il y a eu une stratégie comploteuse et organisée de mensonges sur les faits. C´est beaucoup plus grave que cela ! Car s´il y a eu désinformation, elle s´est faite d´une manière spontanée en fonction du politiquement correct dominant, qui consiste à ne pas vouloir voir le réel pour ce qu´il est mais au profit du regard filtré par l´idéologie. Plusieurs exemples :

1.      Le papier d´Alain Joxe dans Le Monde dans une tribune : "  Barak = Guy Mollet = Massu".  Qu´est-ce que cela veut dire ? Quel est le non-dit de cette phrase ?

A ce moment-là, on est en pleine période introspective franco-française sur les responsabilités de la guerre d´Algérie et la figure tortionnaire du Général Aussarès émerge.

Si Barak = Guy Mollet = Massu, cela veut dire que Barak = tortures puisque Massu = tortures, et donc qu´on est dans le schéma d´une guerre coloniale avec des colonisés et des colonisateurs et que la figure substitutive de l´Algérien du temps de Massu, est le Palestinien d´aujourd´hui. Et quel est le non-dit de ce non-dit ? Cela veut dire que s´il y a des colonisés et des colonisateurs, il y a des Pieds-noirs qui peuvent retourner en métropole et que les Pieds-noirs en question sont les Israéliens.

 

2.      Catherine Nay, éditorialiste d´Europe 1 compare l´image du petit Mohamad avec celle du petit Juif dans le Ghetto de Varsovie, les bras en l´air, avec une casquette. Elle dit : " cette photo du petit Mohamad annule le charge symbolique du petit Juif "            Cela signifie que le petit Mohamad était voué à une mort programmée telle que l´était le petit Juif dans le Ghetto de Varsovie et qu´il y a en l´occurence une politique délibéremment d´ordre exterminationiste, voir nazie du côté israélien.

 

3.      Quand il y a eu le meurtre de deux adolescents à Tekoa en Israël, le journal le Monde a titré : "meurtre de deux adolescents colons". Qu´est-ce que cela veut dire ?                  "deux adolescents assassinés" : meurtres répréhensibles mais comme ils sont "colons", puisque définis ainsi, le meurtre devient moins répréhensible puisqu´il y aurait eu un acte de justice, un peu à la manière de ce que recommandait Sartre dans sa préface au livre de Frantz Fanon : « Un bon colon est un colon mort ». Même si le colon en question n´a que 12 ans. Ceux qui ont rédigé ce titre, ont estimé que des enfants de 12 ans participent à un choix idéologique et politique qui est celui d´être colon, avec toute la charge symbolique du mot " colon ".

 

Qu´est-ce que tout ceci a engendré ?

 

L´automne 2000 a vu une vague d´événements anti-juifs tels qu´on n´en avait pas vu depuis fort longtemps avec des incendies de synagogues tels qu´on n´en avait pas vu depuis la période de l´Occupation. Et ceci est passé avec un discours expliquant, excusant. J´ai en mémoire les propos du Ministre de la Ville disant qu´il s´agissait de « déliquants de cages d´escaliers ». Le propos était une excuse : "Ce n´est pas de leur faute, on a affaire à des irresponsables". Quelle est, là aussi, cette inégalité de jugement et d´appréciation et de discours qui qualifie dans un cas celui qui met le feu à une synagogue et qui est un irresponsable de cages d´escaliers par rapport à un autre qui serait un fasciste d´extrême-droite tout aussi dangereux et violent mais qui serait étiqueté comme fasciste. Il y aurait donc un regard inégal sur l´appréciation politique de cette vague d´actes anti-juifs qui par ailleurs, a été officiellement condamnée par les pouvoirs politiques mais sans qu´en même temps on sente une analyse pertinente de la situation et une prise de mesure coercitive et pédagogique.

 

Durant l´automne 2000, il y a eu à la fois l´émergence de ce débat franco-français sur la guerre d´Algérie, le général Aussarès et aussi, le livre de Norman Finkenstein sur l´industrie de l´Holocauste qui brutalement venait donner un aliment supplémentaire à la raison de détester Israël puisque Israël ne serait pas construit sur le mensonge de la Shoah (discours négationiste) mais sur l´escroquerie de la Shoah. Ce n´est plus "les chambres à gaz n´ont pas existé donc Israël est illégitime" mais "les chambres à gaz ont existé mais le Shoah business est tel que l´Etat d´Israël est illégitime".


2. Durban

 

A Durban, sous les auspices de l´Organisation des Nations Unies, il y a eu une extraordinaire manifestation raciste et antisémite. Il y a été distribué des affiches " one Jew, one bullet /  un Juif, une balle ", un permis de tuer un Juif. L´Union des Avocats Arabes qui n´appartient pas à l´équipe Ben Laden et dont certains sont très certainement inscrits au Barreau de Paris, a distribué un texte à côté duquel le Protocole de Sages de Sion relève de l´écriture de la Comtesse de Ségur.

 

Pendant un mois, il y a eu le rapt et le kipnapping des conférences qui devaient se pencher sur le sort des indiens d´Amérique du Sud, l´esclavage noir, le sort des tibétains qui n´ont jamais fait écraser l´ombre d´un avion sur la place Tienenmen, le sort des Thaïlandais, le sort des femmes. Tout cela est passé à l´as au profit de l´instrumentalisation exclusive de la cause palestinienne sans que jamais et à aucun moment, quelqu´un ait jugé utile de dire qu´éventuellement il y avait dans le monde arabe, aussi un pouvoir capitalistique, une puissance financière qui s´appelle l´Arabie Saoudite qui se dédouane de sa corruption interne en alimentant les mouvements d´extrême-droite et néonazie de type Ben Laden.

 

A ce même moment, il y avait pourtant d´autres phénomènes : le procès des homosexuels en Egypte dont on a dit qu´ils étaient des agents du sionisme, l´autorisation de la lapidation des femmes au Pakistan, etc... Mais on peut constater la double phobie qui caractérise le monde islamiste : la phobie des Juifs et la phobie des femmes. Il y aurait quelque chose d´intéressant à faire : une étude et un examen interressant à mener de la part des organisations féministes qui étaient présentes à Durban et qui ont voulu justement essayer de faire passer un message par rapport à la discrimination dont les femmes sont l´objet en particulier dans les pays arabo-musulmans, où règne une terreur islamiste que ce soit en Algérie, au Pakistan, ou en Iran, mais tout ceci n´a pas pu être dit car la seule cause emblématique de l´injustice sur la terre est la cause palestinienne.

 

 

3. L´attentat du World Trade Center et ses effets

 

J´ai cru pendant un certain temps mais qui a été très bref (48 heures) que le monde allait enfin comprendre ce qu´Israël vivait depuis plus d´un an, en l´occurence les attentats suicides[13]. Que le monde allait voir la folie furieuse qui s´était saisie d´une partie du monde arabo-musulman animée et véhiculée par M. Ben Laden. Et bien, cette période-là a été très brève car très rapidement on a vu, entendu, et lu que finalement l´attentat du World Trade Center ne serait pas arrivé si premièrement, la Palestine existait et si deuxièmement, l´humiliation arabe[14], si ce dont le monde arabe est victime, il y avait eu réparation, un acte de justice, comme si Ben Laden était un porte-parole des humiliés, des offensés et du tiers-monde. On voit cette situation loufoque du milliardaire saoudien qui n´en a rien à faire de la misère du monde, qui n´en a rien à faire de la misère des pauvres mais qui est rempli d´une haine farouche et destructrice et dont le programme explicite est qu´" il faut tuer tous les Juifs et les Américains " et qui en l´occurence mérite d´être lu dans le texte[15] Si après tout, on prend soin de lire Ben Laden dans le texte, on comprend ce que va être le programme.

 

Malgré cela, nous lisons aujourd´hui à travers un certain nombre d´éditoriaux, ou à travers des paroles entendues de gens qui sont sensés avoir une pensée politique et un parlé politique qu´il y a d´une part la mise en équivalence de Bush = Ben Laden, ce "crétin" de Bush, ce "cow-boy" de Bush comme il y a ce "fasciste" et ce "colonialiste" de Sharon.

Jusqu´à présent, à ma connaissance, même si Bush n´est pas ma tasse de thé, ni le marché roi ou le capitalisme triomphant, il a agi avec une relative prudence, et il n´y a pas de gestes particulièrement "cow-boy" parmi les choix de l´agressé faisant une action d´autodéfense par rapport à une agression.

 

Je veux dire qu´il y a dans cette espèce de mise en équivalence Bush = Ben Laden, toute proportion gardée, ce vieux discours qui consiste à dire : « Mais après tout, cette fille qui a été violée, si elle a été violée, c´est peut-être qu´elle l´avait bien cherché, elle portait une jupe trop courte ! » Et voilà que vous avez des gens relevant de l´idéologie de l´extrême- gauche tenant ce type de discours, non pas en faveur de Ben Laden mais en disant « Il y a quelque chose qu´il faut comprendre ». C´est la théorie des causes. Car si Ben Laden a attaqué le World Trade Center, il y a bien des raisons et à ces raisons-là il y a bien des raisons, cela fait qu´on ne juge plus l´acte pour ce qu´il est, en l´occurence un acte criminel et terroriste : 6000 morts.

Quand on compare les chiffres 6000 morts aux Etats-Unis le 11 novembre, 800 morts en Palestine en une année (600 Palestiniens, 200 Israéliens), combien de morts au Rwanda, au Congo, au Tibet ? Mais il y a un point de focalisation qui est la Palestine. 6000 morts au World Trade Center mais néanmoins, Bush est un vieux "con", et finalement Ben Laden est le Che Guevara du monde musulman.

 

Il y a quelque chose aussi dans l´aveuglement idéologique, qui nous entoure et cette volonté de ne pas voir les choses pour ce qu´elles sont, de ne pas nommer le criminel. En France, on a peur de l´immigration arabo-musulmane, et du vote. Mais en tout cas, cette politique de l´autruche qui consiste à ne pas vouloir voir, non seulement ne rend pas service à la République mais elle ne rend pas service non plus aux minorités arabo-musulmanes de l´immigration. Parce que cela les infantilise, elle les rend irresponsables : cela signifie que tout est possible de leur côté puisqu´ils appartiennent à la catégorie des « jeunes des banlieues[16] ».

 

 

Le match de football France-Algérie

 

Il faut prendre cet événement avec une extrême gravité bien que je ne veuille pas généraliser ou dire qu´il est emblématique ou révélateur de l´échec de l´intégration de la minorité arabo-musulmane en France. Mais il révèle quelque chose. Et les représentants de l´Etat qui étaient présents, n´auraient pas du prendre cela à la légère, en disant que ce n´était pas grave. Si ! c´est grave ! Et je ne vois pas pourquoi la franco-phobie arabo-musulmane serait plus acceptable que la xénophobie de Jean-Marie Le Pen ! Il n´y a aucune raison d´être dans cet état de crainte et de peur de nommer les choses pour ce qu´elles sont.  S´il y a aujourd´hui par inculture, désarroi social, ou tout ce que vous voudrez, une montée d´un antisémitisme arabo-musulman dans les banlieues, la pire des choses est de faire la politique de l´autruche. Et la meilleure attitude pédagogique et éducative est l´application de la loi, la République doit être fidèle de ses principes, celles de la laïcité et de la République. Et celui qui ne joue pas le jeu[17] doit savoir ses limites. C´est au moment où la France reconnaît le passé colonial et les fautes de la colonialisation qu´elle voit émerger d´une manière tout à fait réactive, et très antipathique quelque chose qui s´apparente à l´antisémitisme et au racisme anti-France et anti-Français.

 

 

Conclusion

 

Je ne ferais que répéter cette phrase de Kafka « Quand on frappe un Juif, c´est l´humanité qu´on jette en terre ». Je crois que cette phrase est tout aussi valable : « Quand un immigré ou un jeune des banlieues est victime du racisme et de la xénophobie, c´est l´humanité qu´on jette en terre ».

Mais aujourd´hui, au moment présent où nous parlons, le fait de ne pas vouloir voir ce qui monte dans ce pays est quelque chose qui s´apparente à une attitude suicidaire pour les idéaux de la république.

 


5ième intervenant :

Corinne Lepage : ancien ministre, avocat, auteur du livre : "La politique de précaution " paru aux Presses Universitaires de France

 

            Hannah Arendt disait que l´antisémitisme n´est pas une question de nationalisme extrême mais qu´il fonctionne d´emblée comme une internationale. Plus que jamais, ce propos se révèle tout à fait exact.

 

            Nous voyons en effet, la naissance d´une internationale sur le plan géographique, nous voyons et c´est plus grave la naissance d´une internationale entre des groupes qui n´ont strictement rien à voir entre eux, je veux dire par là une tradition gauchiste et ultra-islamiste qui au départ n´aurait pas du se rencontrer, mais qui de fait se rencontrent aujourd´hui. On retrouve une très grande liaison entre des groupes traditionellement antisémites et ces nouvelles formes ultra-islamiques ou autres.

 

            Par voie de conséquence, je ne puis que partager l´inquiétude de ceux qui se sont exprimés ici autour de cette nouvelle montée de l´antisémitisme avec des préoccupations particulières chez nous. Parce que si on a noté effectivement le recul d´un anti-judaïsme chrétien depuis Vatican II, avec des positions fortes, des actes de repentance, la reconnaissance de la responsabilité de l´Etat pour ce qui s´était passé, dans le même temps, on se demande ce qui s´est passé entre la manifestation monstre au moment de l´affaire de la rue des Rosiers à Paris où tout le monde était dans la rue, opposition/majorité confondues ainsi que toutes les institutions de l´Etat et la banalisation dans laquelle se sont passés tous les actes antisémites de la fin de l´année 2000 (il n´y avait bien sûr là pas de mort).

 

            Il semble qu´on retrouve dans tout ce qui se passe aujourd´hui, trois grands points :

 

·        La haine gratuite : des attitudes haineuses se sont vues à Durban et on le voit ailleurs. Cette haine qui repose sur des motifs et des raisons inavouables[18]. Si aimer c´est construire, critiquer c´est détruire, haïr c´est nier l´existence de l´autre, c´est l´anihiler, c´est le rendre inexistant. Et je crois que cette négation qui prend des formes les plus divers, que ce soit le négationisme de M. Faurisson ou le négationisme de tous ceux qui, derrière la critique de la politique israélienne, vise la critique de l´existence même de l´Etat d´Israël donc de la critique de l´existence même des Juifs en terre d´Israël ou ailleurs, cette négation-là est la traduction de cette haine fondamentale de l´autre. Ceci est très important et on le voit ressurgir avec une  violence extrême.

 

·        Il s´agit de tout l´aspect richesse, ploutocratie, Occident, pouvoir juif etc... Les précédents exposés en ont beaucoup parlé, donc je ne m´étendrai pas davantage.

 

·        C´est l´idée qu´il faut trouver un bouc émissaire, et la faute aux Juifs. C´est quelque chose qui fonctionne extrêmement bien. Aujourd´hui, ce n´est pas la faute aux Juifs, mais la faute à Israël. Le résultat est le même c´est à dire un refus de s´avouer notre propre échec. Il est beaucoup plus facile de trouver une raison dans les difficultés que rencontre le monde contemporain à l´existence d´Israël et aux difficultés de résoudre le problème avec les Palestiniens, que de ce dire qu´il y a bien sûr d´autres causes (analysées autour de cette table).

 

Je crois que ce sont des points très forts : la haine, l´aspect de la ploutocratie, de la richesse, du pouvoir et le fait qu´il faut trouver un bouc émissaire, la faute à l´autre.

 

Il y a également une légitimation apparente au moins qui se cherche dans ce combat dont on a bien vu qu´il était multidimensionnel : politique, idéologique, de la communication, de la justice, économique (on n´en a pas parlé, mais la dimension économique du sujet est bien sûr considérable).

 

Or, nous voyons depuis la naissance d´Israël apparaître deux phénomènes :

 

·        D´abord le fait que d´une certaine manière, alors que pour certains, la création d´Israël était la manière de répondre à l´antisémitisme, on se rend compte que la création d´Israël est utilisée comme un renouveau de cet antisémitisme parce qu´Israël est un état et en tant que tel obligé de se défendre[19]. Mais le fait d´avoir un état avec tout ce que cela représente, constitue le moyen pour certains de nier en définitive qu´Israël puisse être un état comme les autres avec les faiblesses et les forces d´un état.

 

Le Juif qui n´est plus perçu comme la victime ou comme le disait tout à l´heure M. Del Valle, le dhimmi/le soumis. Or, précisemment, dans la situation contemporaine, que ce soit au niveau des états ou de l´individu, le Juif (et l´Etat d´Israël) est l´égal des autres : quelque chose qui en soit interpelle, pose difficulté. Mais à partir du moment où le Juif n´est plus victime, il n´est plus juif puisque l´image symbolique du Juif est précisément celle de la victime et par voie de conséquence, la protection dont il devait bénéficier tombe d´elle-même. Il n´en a "plus besoin " ! D´où la légitimation d´un antisémitisme qui ne dit pas son nom : cela s´appelle antisionisme, antijudaïsme. Il ne faut plus l´appeler antisémitisme mais il en a les formes et il est multiple !

 

·        La dissociation entre le racisme et l´antisémitisme. C´est un élément très fort. Les mouvements qui se sont construits après la guerre sont des mouvements qui ont assimilé la lutte contre le racisme et la lutte contre l´antisémitisme. Or, nous assistons à une dissociation des deux, tant chez nous qu´à l´extérieur (cf. Durban). C´est une très grande préoccupation, dans la mesure où l´antisémitisme quelque part perd sa vocation symbolique d´un combat pour les droits de l´homme et pour les droits de l´autre. Il y a là une difficulté, une valeur symbolique, qui derrière tout cela, est un combat des valeurs qui paraît essentiel.

 

Derrière tout cela, il y a bien sûr des questions politiques qui sont sous-jacentes.

 

En guise de conclusion, je voudrais citer la conclusion d´un article d´Alain Finkielkraut dans le Monde où il nous disait : " Le nom d´Israël accablé de la responsabilité de l´antisémitisme dans sa version meurtrière et de la terreur qui s´est abattue sur le sol américain, voilà où nous en sommes ! voilà ce que le progressisme a fait de la pensée critique, voilà ce qu´est devenue l´aptitude à se mettre soi-même en question et à sortir de son exclusivisme qui a longtemps constitué le trait distinctif de l´Occident et sa force spirituelle " !

 

Ce que je voudrais dire par là, c´est que le combat contre l´antisémitisme m´apparaît plus que jamais nécessaire parce qu´il symbolique, à contre-courant de tout ce que l´on peut voir aujourd´hui et il est vrai qu´il est politiquement extrêmement incorrect de parler d´un sujet comme cela et c´est précisement parce que cela l´est que je suis là, parce que je considère pour ma part qu´il n´y a qu´un devoir, c´est celui de la lucidité et que la lìcheté et le cynisme n´ont jamais rien résolu. Et aujourd´hui encore moins que jamais.

 

            Dans ce combat contre l´antisémitisme qu´il faut ramener au combat contre le racisme, il est absolument fondamental de le ramener aux valeurs qui font notre société, aux valeurs qui fondent la République, la laïcité, à l´égalité des femmes[20]. Je crois que ce serait un grand succès des islamistes[21], une victoire pour eux que de nous faire revenir sur nos propres idéaux. Or c´est bien de cela qu´il s´agit. Nous sommes les enfants de la Lumière, nous sommes les enfants du Progrès et le combat actuel, Mesdames et Messieurs, c´est de le demeurer.



[1] Quand je fais référence dans cette perpective à Israël et au sionisme, je mets évidemment des guillemets car il s´agit du mythe d´Israël, du mythe répulsif du sionisme.

[2] Référence aux questions du sondage : les Juifs ont-ils tout le pouvoir ?

[3] Cf. Alexandre Del Valle : « Les guerres contre l´Europe »

[4] pour le distinguer des différentes critiques que l´on peut faire à la politique israélienne

[5] Faurisson

[6] cf. la résolution 3379 votée le 10 novembre1975 à une écrasante majorité par l´assemblée générale des Nations-Unies.

[7]  Rousseau (celui de la caricature) pourrait être content car le mythe du "bon sauvageon" renaît dans le sillage du mythe du "bon palestinien".

 

[8] Lors de cette conférence, P.A. Targuieff fait remarquer le peu d´hommes politiques de gauche présents sur les lieux, et remercie Corinne Lepage et Alain Ceksi venu au nom de Jack Lang

[9] les lois de réforme de l´Empire ottoman

[10] Il est à la mode dans les médias de dire que Ben Laden est le descendant spirituel du Vieux des montagnes, de tradition chiite, de la secte des Hashéchoun (des assassins).

[11] le mouvement islamique algérien.

[12] Le pouvoir algérien est soit disant anti-islamiste.

[13] Celui du Delphinarium, de la pizzeria Sbaro où des enfants sont morts parce qu´ils étaient Juifs.

[14] qui est une des clés du discours arabo-musulman

[15] à la manière dont on aurait du lire Mein Kampf dans le texte dans les années 30 et on aurait compris le programme à venir qui s´est terminé à Auschwitz.

[16] « Jeunes des banlieux » : nouveau concept sociologique opératoire dans le discours journalistique contemporain.

[17] On ne demande pas d´aimer la France : après tout, on peut être en désaccord avec la politique de l´histoire de France La france n´a pas été brillante et généreuse à tous les moments de son histoire !

[18] y compris à soi-même, que le sur-moi ne laisse pas passer

[19] Je ne fais pas l´apologie de quelque politique que ce soit, comme toutes les politiques, il y en a de discutable et il y en a qui le sont moins mais il est de fait que M. Barak avait proposé la paix, une paix tout à fait équilibrée entre août et décembre 2000.

[20] et d´ailleurs je pense que ce qui a été dit tout à l´heure sur le problème des femmes est fondamental, essentiel.

[21] il n´y a bien entendu dans mon propos aucune critique de l´Islam ni des arabes en tant que tels car j´aurai les mêmes propos s´il était question de menées anti-arabes ou contre des personnes qui pratiquent la religion de l´Islam, mais évidemment il ne s´agit pas de cela